Du fast food à l’internet haut débit… la dictature de la rapidité

Dans un monde où l’Homme est de plus en plus soumis au diktat de l’urgence et de l’immédiateté, l’accélération du temps apparait comme inéluctable au sein de nos sociétés contemporaines. La mondialisation et la modernité ont grandement bouleversé notre rapport au monde et au temps.

 

Technique et conquête du temps

 De nos jours l’accélération du temps est principalement provoquée par l’amélioration technique et technologique.

Même si l’amélioration de la technique dans sa définition la plus large ne date pas d’hier, celle-ci s’est retrouvée grandement accélérée depuis le début de la mondialisation au XXème siècle.

En effet la logique de la mondialisation et du système actuel repose sur la création d’échanges toujours plus rapides et toujours plus efficaces.

Ce processus d’accélération a été rendu possible par le développement et les progrès de la science et de la technique, souvent incontrôlés.

De nombreux exemples peuvent venir appuyer ce raisonnement, tels que : l’Hyperloop, une sorte de train sous basse pression qui a prévu de relier Los Angeles et San Francisco en moins de 30 minutes ; le smartphone qui permet de faire presque tout depuis un seul appareil et ce à une vitesse folle ; ou encore l’ordinateur.

Les différents acteurs de la mondialisation et de la modernité se sont donc fixés pour objectif de conquérir le temps et ce à n’importe quel prix.

On peut voir cela à travers le projet AEConnect, un câble de fibre optique construit en 2016 qui relie New York à Londres et qui a permis de gagner quelques millisecondes insignifiantes de rapidité sur la connexion entre les deux continents, et cela au prix plusieurs millions d’euros.

 

Le temps c’est de l’argent

La logique économique n’échappe pas non plus au diktat de l’urgence.

En effet, dans un système mondialisé à dominance capitalistique, le postulat de départ qui semble être malheureusement gravé dans la roche est : le temps c’est de l’argent.

On comprend donc pourquoi l’accélération du temps, et donc la possibilité de faire toujours plus par unité de temps, devient aujourd’hui un enjeu majeur.

L’économie est donc entrée dans une spirale infernale de compression du temps afin de se développer le plus possible. Ce sont les acteurs économiques ayant les outils les plus performants et les plus économes en temps qui sont les plus compétitifs.

L’exemple le plus frappant est l’émergence de la finance haute fréquence. De nos jours, les sociétés financières qui gagnent le plus d’argent sont celles qui ont réussi à maitriser le temps grâce à la performance de leurs ordinateurs et de leurs algorithmes. Cela est possible car les marchés financiers sont gérés en grande partie de manière informatique c’est-à-dire que les achats et reventes de titres se font par des algorithmes. Les logiciels les plus rapides sont donc les armes les plus puissantes, le temps de réaction est déshumanisé et l’égalité temporelle entre les acteurs est détruite.

D’après Hartmut Rosa « une société moderne est caractérisée par le fait qu’elle a besoin de la croissance, de l’accélération et de l’innovation pour maintenir le statu quo. Elle doit croître, innover, accélérer pour demeurer stable », et cela constitue la logique même du capitalisme et de la mondialisation.

 

Fastfood, speed dating, messagerie instantanée… ou la vie sociale bouleversée

Le problème majeur est que le temps humain et social a été colonisé par le temps économique. Le symptôme majeur de ce phénomène, est que la majorité des populations intégrées à la mondialisation a l’impression de souffrir du manque de temps, alors que, paradoxalement, nous faisons tout plus vite qu’avant.

En ayant adopté le temps économique dans nos vies quotidiennes, le rythme de vie n’est plus à la mesure de l’Homme. Nous ne prenons plus le temps nécessaire.

Le temps économique est vide de sens, il n’a ni racines ni histoire, il s’occupe uniquement de la circulation des capitaux, des informations et des marchandises mais nous avons décidé que celui-ci dicte nos rythmes de vie et cela constitue un des problèmes majeurs de nos sociétés.

Nous sommes rentrés dans l’ère de l’immédiateté et dans le règne du speed dating, du fastfood, des plats-minute etc.… et cela au point que nous ne savons plus patienter.

En ayant intégré inconsciemment la logique du « temps c’est de l’argent », nous avons donc profondément bouleversé notre rapport au temps et le postulat : « réagir plutôt qu’agir » devient la norme.

Alors que l’avenir du monde résiderait plutôt dans une certaine décélération, espérons qu’un jour nous nous réapproprierons le temps et la technologie dont nous sommes devenus les esclaves consentant…

Buddy

 

 

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